Honorer la vérité, célébrer la résilience : Une conversation avec Isa Gros-Louis

Par Maxime Morin, fondatrice de Rose Boréal

Entrevue avec Isa Gros-Louis : Honorer les voix, les terres et les racines

Aujourd’hui, en cette Journée nationale des peuples autochtones, nous nous arrêtons pour reconnaître, écouter et apprendre. Cette journée est l’occasion de célébrer la richesse des cultures, des langues et des savoirs des Premiers Peuples, mais aussi de réfléchir à notre rôle dans un chemin collectif de réconciliation, de respect et de solidarité.

Chez Rose Boréal, nous croyons profondément que la nature, la lenteur, le mouvement et la communauté sont des guides puissants vers une vie alignée et responsable. Ces valeurs résonnent avec les traditions autochtones qui, depuis des millénaires, enseignent l’importance de prendre soin de la Terre, de vivre en harmonie avec elle, et de se relier à quelque chose de plus grand que soi.

Il ne peut y avoir de réconciliation sans vérité. En tant que marque née sur le territoire non cédé de peuples autochtones, nous reconnaissons les injustices passées et présentes vécues par les Premières Nations, les Inuit et les Métis. Cette journée est une invitation à écouter leurs récits, à s'éduquer sur leur histoire, et à soutenir activement leurs voix et leurs initiatives.

Notre engagement envers un monde plus doux et plus juste passe aussi par des gestes concrets : encourager les créateur·rices autochtones, privilégier des pratiques de fabrication respectueuses de la Terre, et réfléchir à notre manière de raconter les histoires — sans appropriation, mais avec humilité.

C’est dans cet esprit que j’ai eu le privilège de m’entretenir avec Isa Gros-Louis, membre de la nation huronne-wendat, de la communauté de Wendake, avocate, militante et fille du grand chef Max Gros-Louis.

Maxime : Bonjour Isa, merci d'être avec nous. Peux-tu te présenter pour celles et ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Isa : « Mon nom est Isa Gros-Louis. Je suis membre de la nation huronne-wendat, de la communauté de Wendake. Je suis née sur la réserve, j'y ai grandi, et j'ai eu l'honneur d'être la fille d'un grand chef, Max Gros-Louis, qui a servi pendant plus de 30 ans. »

Derrière ces mots simples se dévoile une héritière d'une profonde sagesse, mais aussi d'un poids immense : celui de transmettre une vérité.

Maxime : En cette Journée nationale des peuples autochtones, quel message souhaites-tu porter ?

Isa : « J'aimerais que ce soit une journée de célébration, mais aussi de réflexion. C'est important de célébrer le chemin parcouru ensemble, mais aussi de reconnaître les blessures profondes de notre histoire. »

Isa nous rappelle que ce que nous savons de l'histoire des Premières Nations vient souvent d'une perspective coloniale. Aujourd'hui, grâce à des commissions d'enquête, des témoignages et des recherches, la vérité émerge : les pensionnats, les enfants disparus, les adoptions forcées, les terres saisies illégalement, les droits bafoués.

Isa : « La réconciliation, ce n'est pas qu'une affaire de gouvernement. Elle commence au niveau local, entre toi et moi. Elle se vit dans chaque geste, chaque dialogue. On doit apprendre à vivre ensemble comme des colocs. »

Maxime : Tu as parlé du respect de la Terre. Peux-tu nous en dire plus ?

Isa : « Nous avons toujours été les gardiens du territoire, de l'eau, des animaux. Protéger la Terre, c'est protéger nos enfants, notre avenir. Ce n'est pas un combat, c'est une collaboration. Il faut sortir du 'moi ou toi', pour aller vers un 'nous'. »

Ce respect du vivant résonne avec les valeurs de Rose Boréal : bouger en conscience, s'habiller avec respect, ralentir pour se reconnecter.

Maxime : Et la femme autochtone ?

Isa : « Je viens d'une société matriarcale et matrilinéaire. Les femmes étaient les décideuses, les porteuses de la lignée. Avec la colonisation, ce rôle a été effacé, mais aujourd'hui, les femmes reprennent leur place. Il y a des cheffes, des avocates, des parlementaires. Moi-même, je suis avocate. »

Isa : « Oui, c'est lourd d'être visible, souvent consultée. Mais je choisis d'en faire un chemin de transmission. Et je célèbre le fait que nous soyons davantage écoutées, ce qui n’a pas toujours été le cas. »

Maxime : Quels sont tes projets actuels ?

Isa : « Je travaille à la création d'un musée, l’Espace Max Oné Onti Gros-Louis, à Wendake. Il mettra en valeur une collection précieuse rassemblée par mon père. Et j’écris un livre, pour mieux comprendre notre histoire et aider ceux qui souhaitent devenir des alliés. »

Maxime : Un mot de la fin ?

Isa : « Il faut célébrer, oui. Célébrer, c’est s’ouvrir au dialogue. Dire : je veux apprendre, je veux comprendre. C’est aussi marcher ensemble, main dans la main. »

En cette Journée nationale des peuples autochtones, je retiens cette parole vibrante : la réconciliation commence en nous, et sur le terrain, d'humain à humain. Merci Isa, pour ton courage, ta parole et ton élan de partage.

Pour aller plus loin

• Participez aux événements autochtones près de chez vous.
• Lisez, écoutez, apprenez auprès des Premiers Peuples.
• Soutenez des projets culturels portés par des voix autochtones.
• Célébrez les femmes, les mères, les leaders qui, comme Isa, marchent avec fierté et sagesse.

Merci de marcher avec nous, avec le cœur ouvert et les pieds bien ancrés sur cette terre qui nous unit toutes et tous.